Les politiques énergétiques varient en Europe

Quels enseignements tirer de l’étranger ?

Chaque État membre de l’Union européenne doit faire face à d’importants défis dans le domaine énergétique. La demande en électricité augmente et les objectifs climatiques mondiaux doivent être atteints. Mais si l’on examine de plus près la politique énergétique de certains pays, force est de constater que nous sommes bien loin d’une stratégie européenne commune. Chaque pays a en effet ses propres priorités en la matière. À l’heure où la Belgique s’interroge elle aussi sur sa stratégie, il peut être utile de porter notre regard au-delà de nos frontières.

Les plus gros producteurs d’énergie sont sans conteste l’Allemagne et la France. Ensemble, elles totalisent environ 40 % de toute l’électricité produite en Europe. Les sources d’énergie utilisées pour cela sont très diversifiées. C’est aussi le cas dans d’autres pays européens.

La politique énergétique européenne

Tous les États membres partagent les mêmes préoccupations et la même aspiration à un approvisionnement énergétique décarboné. Mais les solutions concrètes sont parfois très différentes. Certains États membres ont décidé de fermer leurs centrales nucléaires, tandis que d’autres se tournent vers le nucléaire et construisent de nouvelles centrales. Les pays qui ont été les premiers à sortir du nucléaire constatent que les sources d’énergie de substitution ne sont pas encore suffisantes. Les pays qui considèrent l’énergie nucléaire comme un élément essentiel de leur approvisionnement futur et de la lutte contre le changement climatique s’inspirent manifestement d’une vision à long terme qui concilie l’économie et décarbonisation.

Chaque pays de l’Union européenne a sa propre politique énergétique. Pourtant, des problèmes tels que le changement climatique et la sécurité d’approvisionnement requièrent une approche commune. Cette stratégie dépend d’une série de facteurs. Les pays qui ont leurs propres réserves de pétrole ou de gaz utiliseront plutôt des sources d’énergie fossiles pour produire leur électricité. Les pays au relief très accidenté (comme en Scandinavie) auront logiquement plus de centrales hydroélectriques. Des pays tels que la France, la Slovaquie, la Belgique et la Hongrie ont recours à l’énergie nucléaire pour produire la majeure partie de leur électricité.

Une politique européenne commune devrait s’imposer, car à cause du recours encore limité aux sources d’énergie renouvelables telles que les énergies solaire, éolienne et hydroélectrique, l’Europe doit, pour l’heure, s’appuyer principalement sur les sources d’énergie fossiles. Pour se procurer ces combustibles, elle dépend fortement de fournisseurs étrangers, notamment de la Russie et des pays du Moyen-Orient. Mais cela implique qu’en cas de conflits économiques ou politiques, son approvisionnement en énergie peut être mis en péril. Actuellement, dans l’Union européenne, 130 réacteurs nucléaires sont en activité dans 14 États membres. L’énergie nucléaire produit 27,5 % de l’électricité dans l’Union européenne.

Que constate-t-on dans certains pays européens qui, comme nous, disposent de l’énergie nucléaire ?

France:
en route vers une économie décarbonée

Plus de 70 % de l’électricité produite en France provient de centrales nucléaires. Avec ses 58 réacteurs répartis sur 19 sites différents, la France possède le premier parc nucléaire d’Europe et le deuxième du monde, après les États-Unis. Nos voisins du Sud sont aussi le plus gros exportateur d’électricité au monde : ils ont en effet exporté 39 TWh d’électricité en 2016. À titre de comparaison, cela représente près de la moitié de la production belge totale. La France veut évoluer vers une économie décarbonée. Ainsi, le gouvernement a prévu d’interdire d’ici 2040 la vente de voitures diesel et essence. Les énergies décarbonées soutenues par le pays sont les renouvelables et le nucléaire.

Allemagne:
conséquences de la nouvelle politique énergétique

En 2011, le gouvernement allemand a pris une décision radicale. Tous les réacteurs nucléaires actifs en Allemagne devront être mis hors service au plus tard en 2022. Actuellement, les centrales nucléaires allemandes assurent encore plus de 13 % de l’électricité produite en Allemagne. En 2016, plus de 40 % de l’électricité était issue de combustibles fossiles. Le charbon (17,2 %), la lignite (23,1 %) et le gaz naturel (12,4 %) sont responsables des émissions de CO2 de l’Allemagne, qui sont les plus fortes d’Europe. Malgré leur progression rapide (leur part s’élève à 29 %), les énergies renouvelables ont une incidence limitée sur ces émissions. Cela s’explique par la disparition simultanée d’un autre combustible à faible intensité en carbone, à savoir le nucléaire. L’autre conséquence, c’est que les prix de l’électricité en Allemagne figurent parmi les plus élevés d’Europe. L’Allemagne est également confrontée à des problèmes de transport de l’électricité. En effet, l’énergie éolienne est essentiellement produite dans le nord du pays, alors que les principaux clients industriels se situent dans le sud.

Suède :
100 % d’énergies renouvelables d’ici 2040

La Suède est l’un des rares pays où la production d’électricité entraîne des émissions de CO2 faibles ou nulles. Il y a une explication logique à cela. La part de l’énergie hydroélectrique est très importante dans le mix énergétique de la Suède. Environ 40 % de l’électricité est produite par des centrales hydroélectriques. L’énergie nucléaire représente une part tout aussi importante, tandis que les 20 % restants proviennent des énergies solaire et éolienne ainsi que des biocarburants. En 2016, le gouvernement suédois s’est doté d’une politique énergétique à long terme. Ce plan très ambitieux vise à produire 100 % de l’électricité à partir d’énergies renouvelables à l’horizon 2040. Il s’agit toutefois d’un objectif et non, par exemple, d’une interdiction de l’énergie nucléaire.

Finlande :
deux nouveaux réacteurs nucléaires

La Finlande est un cas particulier. En ce moment, elle dépend des importations des pays voisins pour plus de 22 % de sa consommation d’électricité. Le reste de l’énergie est produit par les centrales nucléaires (26 %), les centrales hydroélectriques (18 %) et la biomasse (12 %). Viennent ensuite l’éolien, le gaz et le charbon. La Finlande veut à l’avenir produire elle-même plus d’énergie afin de réduire sa dépendance aux importations. Le gouvernement a dès lors décidé d’ouvrir de nouvelles centrales nucléaires. Leur construction devrait commencer en 2019. L’énergie nucléaire couvrira alors 40 % des besoins en électricité de la Finlande.

Ce longread est issu de la collaboration de BrandTales, le département ‘branded content’ de De Persgroep Advertising, et du Forum Nucléaire belge et ne tombe pas sous la responsabilité de la rédaction.